Kal Marx (1818-1883)

Allemand

fondateur du Marxisme

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I - Contexte historique

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Les économistes de l'école classique se préoccupaient avant tout de libérer l'initiative individuelle et de créer les conditions favorables à la création de richesses.

En 1776, Adam Smith avait conscience du déclassement social et de la paupérisation des paysans et des artisans transformés en ouvriers. Mais la révolution industrielle n'en était qu'à ces débuts et Adam Smith ne poussa pas plus loin sa réflexion en matière sociale.

40 ans plus tard, David Ricardo et Thomas Malthus constataient la montée d'une immense misère dans le monde ouvrier, sous l'effet de la croissance démographique et des bouleversements sociaux causés par  la révolution industrielle. Ils en concluaient qu'il fallait réduire les aides sociales aux pauvres pour que ceux-ci fassent moins d'enfants !

A la même époque, c'est à dire au cours des années 1820, cette incapacité de l'Ecole classique à développer une réelle pensée économique dans le domaine social conduit Saint Simon à fonder une nouvelle école de pensée, qui donnera naissance au socialisme utopique. Tout en étant très critique vis-à-vis des excès du libéralisme économique, les socialistes utopiques sont les plus ardents défenseurs du libéralisme politique.

Une génération plus tard, Karl Marx constate l'échec des socialistes utopiques à transformer de l'intérieur les démocraties libérales pour faire bénéficier les classes les plus pauvres des bienfaits de la croissance économique et du progrès. Son analyse historique est que les sociétés ne changent que sous la pression des rapports de force politiques. Ce sont par des révolutions, plus ou moins violentes, que les bourgeoisies ont mit fin à l'Ancien Régime pour instaurer les régimes parlementaires libéraux, sous forme de Monarchie parlementaire au Royaume-Uni (depuis 1689) ou de Républiques dans les sept provinces unies des Pays-Bas protestants (1581-1795), aux USA (depuis 1776) et en France (depuis 1789).

Pour Karl Marx, l'échec du Socialisme Utopique est la preuve que le régime de la bourgeoisie parlementaire qui a pris le pouvoir est tout aussi incapable d'évoluer de l'intérieur que l'aristocratie d'Ancien Régime. Il en conclut que seule une nouvelle révolution pourra mettre fin à l'ordre capitaliste, qu'il juge seul responsable de la hausse de la misère ouvrière. Karl Marx appelle à une dictature du prolétariat pour détruire ces démocraties libérales et mettre fin aux libertés individuelles et aux droits de l'homme, dénoncés comme des "valeurs bourgeoises".

L'histoire démontrera que le réel objectif de l'idéologie marxiste est, dès son origine, la prise du pouvoir par une bourgeoisie intellectuelle totalitaire et non une amélioration du sort des plus pauvres, qui seront exploités et aliénés de façon systématique et planifiée par tous les régimes communistes qui ont pris le pouvoir par la force au XXeme siècle.

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II - Filiation de la pensée de Karl Marx

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 Philosophie allemande    Economie politique anglaise   Socialisme Français 

Friedrich Hegel

La méthode dialectique

Adam Smith

La division du travail

valeur d'usage et valeur d'échange

Malthus

La surpopulation

Ricardo

Valeur travail incorporé

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III - Biographie de Karl Marx

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5 Mai 1818 : Naissance de Karl Marx à Trèves (Rhénanie). Il est le deuxième d'une famille de 8 enfants dot le père est avocat.

Etudiant en droit et en philosophie à Bonn, puis à Berlin

1841 : Obtient son Doctorat de philosophie

Marx fait partie du cercle des "jeunes hégéliens" qui cherchent à vider la philosophie de leur maître, Hegel (1770-1831) , de ses aspects métaphysiques. Il retient la démarche dialectique de Hegel selon laquelle toute réalité se comprend par la dynamique de ses contradictions internes. Pour Karl Marx les contradictions internes du mode de production capitaliste se traduisent par la lutte des classe, qui conduira inéluctablement à la prise du pouvoir par le prolétariat.

Karl Marx publie anonymement avec Bruno Bauer un pamphlet : " La Trompette du jugement dernier contre Hegel, l'athée et l'antéchrist".

Avril 1842 : Marx s'installe à Bonn en tant que journaliste. Il écrit pour le "Rheinische Zeitung", un quotidien où il rencontre Friedrich Engels, lui aussi philosophe de formation.

1843 :

A 25 ans, Marx épouse Jenny von Westphalen, une amie d'enfance de noble ascendance.

Opposé au gouvernement prussien, Marx doit s'exiler en France et le jeune couple s'installe à Paris.

1844 : Marx retrouve Engels à Paris.

Fils d'un riche industriel, Engels mettra ses connaissances économiques et ses moyens financiers au service de Marx. Ensembles, ils fréquentent les cercles d'ouvriers socialistes, français et allemands immigrés, imprégnés des idées de Pierre-Joseph Proudhon.

1845 : Sous la pression du gouvernement prussien, le Ministre de l'Intérieur Guizot ordonne l'expulsion de Marx.

Marx et sa famille s'installent à Bruxelles, où il obtient l'asile politique contre la promesse de ne pas faire de politique.

Engels le rejoint et ensemble ils rédigent "l'Idéologie allemande", dont aucun éditeur ne veut.

1847 : Marx et Engels rejoignent la ligue des communistes

Janvier 1848 : Marx et Engels publient "le Manifeste de la Ligue", connu sous le nom de "Manifeste du Parti communiste". Dans cet ouvrage ils anticipent la mondialisation de l'économie.

Marx est expulsé de Belgique pour ne pas avoir respecté son engagement de ne pas faire de politique.

Février 1948 : Marx profite de la Révolution en France pour revenir à Paris. Mais il doit trouver refuge à Londres après l'échec de la révolution de Février 1948.

A Londres la famille de Marx vit dans le dénuement. Faute d'argent Marx ne peut appeler le médecin pour son épouse malade et devient profondément aigrit. Il développe une culture du ressentiment pathologique qui alimentera son idéologie de revanche sociale.

1852 : Marx publie "le 18  Brumaire de Louis Bonaparte", recueil d'articles dans lesquels il développe pour la première fois le concept de classe, à propos de la classe agricole française ayant soutenu le coup d'Etat de Bonaparte.

1859 : Marx publie "Contribution à la critique de l'économie politique"

Karl Marx hérite de sa mère, ce qui lui permet d'améliorer le quotidien de son foyer.

28 Septembre 1864 : Marx assiste au meeting ouvrier international de Saint Martin's Hall, à Londres, où se décide la fondation de l'Association International des Travailleurs (AIT), la première Internationale dont il rédige le préambule et les statuts, adoptés à l'unanimité.

1865 : Publication de "Salaires, prix et profits"..

1867 :  Le livre I "Le Capital. Critique de l'économie politique"  paraît à Hambourg.

1871 : Karl Marx soutient les Communards durant la Commune de Paris, car il y voit dans leur Conseil l'ébauche de la dictature du prolétariat.

Bakounine refuse tout rapprochement avec un gouvernement, fût-il partisan de l'autogestion. Le conflit entre partisans de Bakounine et partisans de Marx provoque la dissolution de l'AIT.

1881 : Jenny décède d'un cancer.

1883 : Disparition de Karl Marx à 65 ans à Londres, alors qu'il rédige les Tomes II et III du Capital.

1885 : Engels publie le Tome II du capital à partir des documents et textes qu'il a retrouvé.

1889 : En hommage à son compagnon de route, Engels réunifie le mouvement ouvrier en fondant la deuxième internationale.

1894 : Engels publie le Tome III du capital

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IV - Karl Marx, fondateur de l'idéologie Marxiste

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4.1 - Critique de l'économie politique classique

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Marx remet en cause la division du travail d'Adam Smith

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Marx démontre que les marchés ne convergent pas vers l'équilibre, mais vers des situations de crises plus ou moins violentes.

Les marchés jouent bien leur rôle de régulateur des prix et des taux de profits des différents secteurs d'activité. Mais contrairement à ce qu'affirment les économistes de l'école classique, cette convergence vers l'équilibre ne se fait pas de façon harmonieuse, par itérations successives d'une multitude d'actes individuels, mais de façon violente.

Dans les marchés en forte croissance, il y a une sur-accumulation du capital, selon le même processus de la création de bulles spéculatives sur les marchés boursiers. Ceci crée des crises de sur-production, avec baisse des taux de profit, des investissements et de l'emploie. De façon structurelle, l'économie capitaliste est une succession de phases de croissance qui se terminent en crise, avec une phase de ralentissement économique plus ou moins longue jusqu'à ce que le marché retrouve son point d'équilibre et amorce un nouveau cycle.

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Les capitalistes sont la nouvelle classe dominante.

Selon l'Ecole Classique, c'est la compétente et l'effort d'épargne des entrepreneurs qui leur a permis de développer les moyens de production.

A l'inverse, Marx considère que la détention du capital a permis aux capitalistes de devenir la nouvelle classe dominante, qui s'est substituée à l'aristocratie terrienne de l'Ancien Régime. Pour Marx, les entrepreneurs n'ont aucun mérites individuels. Dans la pensée Marxiste, l'esprit d'entreprise, la culture de l'épargne et de l'investissement, le savoir faire managerial n'existent pas.

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Le capitalisme a fractionné la société entre les propriétaires et les travailleurs : l'aliénation du prolétariat

Les paysans et les artisans étaient à la fois propriétaires de leurs moyens de production et la force de travail à l'origine de la production.

Le capitalisme a concentré les moyens de production dans les mains d'une minorité de propriétaires et exproprié une grande masse de paysans et d'artisans qui ne disposent que de leur force de travail pour survivre.

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La propriété du mode de production fait du travail un facteur d'identité des paysans et des artisans.

Dans les sociétés pré-capitalistes, la propriété du mode de production faisait l'identité des paysans et des artisans. Le cadre du travail quotidien structurait l'identité culturelle, les relations sociales, l'apprentissage des savoirs faire individuels. Maîtres de leurs outils de travail, les paysan et es artisans étaient maîtres de leurs destins.

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Le mode de production industriel a aliéné la classe ouvrière

Source : ?

Marx accuse le mode de production industriel et capitaliste d’aliéner les travailleurs. En effet, le travailleur n’a plus, dans ce cas là, de représentation compréhensive de ce qu’il fait puisqu’il en ignore le produit final et donc le pourquoi de son activité. L’enjeu lié à l'identité est donc ici annulé puisque le seul enjeu est celui de la rémunération. Ce qui est humain devient par là animal, relevant d’un réflexe, d’un automatisme mécanique (cf. le film « Les Temps modernes » de Charlie Chaplin).

Selon l'analyse marxiste, l'abolition de l’esclavage ne répond pas à une préoccupation morale mais économique : l'esclave coûte plus cher car il faut le nourrir tous les jours, alors que le salarié ne touche un salaire de subsistance que lorsque l'on fait appel à lui. Déjà à l'époque de Rome, les esclaves devenus vieux étaient affranchis pour qu'ils puissent vivre de l'assistance publique. Dans cette logique ce n'est pas l'esclave qui prend sa liberté, mais le maître qui se libère d'un esclave pas assez rentable.

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Toute plus value réalisée par le capitaliste est de l'exploitation de la force du travail.

Marx reprend la théorie de la valeur travail et la valeur d'échange de Ricardo pour l'appliquer au marché du travail. Il en conclue que le travail est lui aussi une marchandise constitutive de la croissance du capitalisme. et que toute plus-value est de l'exploitation des travailleurs.

Le travail "incorporé" est un "capital mort" qui ne produit aucune richesse

Le travail direct des salariés est un "capital vivant", seul à créer de la valeur

Le travailleur est rémunéré par un salaire de subsistance, qui est la valeur d'échange du travail.

Le bien produit par le travailleur est vendu à sa valeur d'usage.

Lorsque l'employeur cumule la valeur d'usage de l'ouvrier à celle de la machine qui lui appartient, il dégage un surplus. Marx considère que ce profit est de l'exploitation. Il faut collectiviser l'ensemble des moyens de production pour faire disparaître le profit, donc l'exploitation des travailleurs par les capitalistes. Marx considère que l'effort d'épargne de l'entrepreneur préalable à son investissement, l'esprit d'entreprise, les risques pris, l'investissement personnel dans le projet d'entreprise, n'apportent aucune valeur ajoutée à la collectivité. Au contraire, il considère que la planification d'Etat sera plus efficace que les choix d'investissements des entrepreneurs et que les cadres fonctionnaires qui remplaceront les patrons seront tout aussi efficaces.

Capital constant = coûts de l'outil de production

Capital variable = salaires + consommations intermédiaires

Plus value = Prix de vente - capital constant - capital variable

Taux de profit = Plus value / (capital constant + capital variable)

Taux d'exploitation = Plus Value / Salaires

Pour Marx, seule la force de travail de l'ouvrier est à l'origine de la création de valeur. La moindre plus-value est illégitime, que ce soit pour rémunérer le travail de l'entrepreneur, les brevets d'invention, les apporteurs de capitaux, ou tout simplement pour développer l'entreprise et recruter de nouveaux salariés.

Tout ce que fait le capitaliste est illégitime car il s'est approprié les moyens de production et a exproprié une grande masse de paysans et d'artisans.

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Seule la collectivisation des moyens de production peut mettre fin à l'aliénation et à l'exploitation des travailleurs

Fin de l'aliénation des travailleurs par le mode de production capitaliste : La collectivisation des moyens de production permettra de rétablir l'harmonie entre la propriété et le travail que connaissaient les paysans et les artisans avant leur expropriation par les capitalistes.

Fin de l'exploitation des travailleurs par le profit des capitalistes : La planification centralisée décide des investissements au bénéfice de l'ensemble de la société communiste et non de la seule classe capitaliste.

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Marx remet en cause la surpopulation des pauvres décrite par Malthus, qui ne serait en fait qu'une "surpopulation relative" créée par le système de production capitaliste.

Marx refuse de reconnaître que la population croît plus vite que la production agricole. Selon lui c'est le système capitaliste, qui en poussant toujours plus loin la division du travail, a condamné une partie de la classe ouvrière au chômage. Il n'y a donc pas une surpopulation par rapport aux ressources alimentaires, mais une "surpopulation relative" par rapport au marché du travail dans une économie capitaliste.

Marx va plus loin en considérant que le système d'exploitation capitaliste divise volontairement la classe ouvrière en deux, avec  une armée active composée de ceux qui ont un emploi et une armée de réserve industrielle,  les chômeurs qui servent de variable d'ajustement à la production et poussent l'ensemble des salaires à la baisse.

Marx considère que les frustrations économiques et sociales ne font qu'exacerber les pulsions sexuelles des plus pauvres. Ce qui rend totalement illusoire de limiter leur croissance démographique en leur imposant une contrainte sexuelle par l'abstinence, comme le souhaiterait l'homme d'église Malthus. 

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Pour Marx, la baisse tendancielle du taux de profit condamne à terme le système capitaliste

Selon Marx, seul le facteur travail génère de la plus value. Le capital n'est pas un facteur de production mais un coût. La concurrence entre les entreprises pousse à toujours plus de division du travail, donc à une accumulation du capital, alors que la plus value prélevée sur le travail reste la même. Il en déduit une baisse du taux de profit selon la formule :

Taux de Profit = Plus Value / (Capital constant + Capital variable)

avec un capital constant en hausse structurelle (accumulation du capital), et une plus-value qui évolue au même rythme que le capital variable (la concurrence empêche le capitaliste d'augmenter la plus value unitaire qu'il confisque à chaque travailleur).

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Pour Marx, l'argent n'est pas un moyen d'échange, mais la seule motivation de l'entrepreneur

Marx réfute la notion de l'école classique de l'argent comme monnaie d'échange pour fluidifier le marché des marchandises.

Marx inverse la logique en affirmant que l'entrepreneur produit une marchandise dans le seul but de gagner toujours plus d'argent.

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4.2 -  Marx reprend une partie des concepts de l'école classique pour les développer

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La valeur travail

Marx reprend la valeur travail de l'école classique.

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La demande solvable

Marx reprend le concept de demande solvable, initié par Sismondi et Malthus, qui explique les crises de sur-production par le trop faible pouvoir d'achat des ouvriers, c'est à dire une mauvaise répartition entre des profits trop élevés et des salaires trop faibles.

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4.3 - Le matérialisme historique : analyse sociologique Marxiste

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Le matérialisme historique est une analyse de l'histoire par une approche économique. Cette méthode conduit Marx à considérer que toute société se compose  de 3 éléments :

Le mode de production

Le mode de production dépend des conditions naturelles, des ressources de matières premières, du progrès technique, de l'organisation (division du travail au sein de l'entreprise) et du statut social de la force de travail (esclavage, servage, salariat)

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À la lumière du matérialisme historique, des auteurs marxistes ont divisé l'histoire humaine en cinq grandes phases, correspondant chacune à une certaine étape du développement des forces productives et des rapports de production :

L'infrastructure économique

L'infrastructure représente la base économique des sociétés, composée :

La superstructure politiques et idéologique

La superstructure est l'ensemble de l'environnement culturel (idées, moeurs) et des institutions (politiques et religieuses) qui encadrent l'infrastructure.

Marx récuse la philosophie du "contrat social" et sa vision d'un Etat neutre pour assurer la cohésion de la société et le bien commun.

Pour Marx, l'Etat, l'idéologie et la religion sont au service de la classe dominante pour pérenniser le mode de production et permettre ainsi la reproduction des rapports d'exploitation. La superstructure est une culture de classe transmise au peuple, afin d'abuser les consciences des classes dominées pour mieux les exploiter. Affermir ainsi l'emprise de la classe dominante sur l'ensemble de la société et justifier l'ordre des choses.

L'infrastructure détermine les superstructures : le déterminisme historique

Pour Marx, ce sont les rapports de production (classe ouvrière exploitée par les capitalistes) et les forces productives (sociétés industrielles) qui déterminent les superstructures (démocraties parlementaires libérales).

Selon ce déterminisme historique, les superstructures ne peuvent pas agir sur les infrastructures. Concrètement ceci voulait dire que, selon Marx, les démocraties parlementaires libérales ne pouvaient pas évoluer vers des sociales démocraties pour soulager la souffrance des plus pauvres.

Par contre ce sont les mutations de l'infrastructure de la société (montée en puissance de la bourgeoisie) qui conduit au changement de sa superstructure (fin de l'Ancien Régime). Karl Marx en conclut que la montée en puissance de la classe ouvrière conduit inéluctablement à la fin du capitalisme.

Une vision holistique de la société, qui ne laisse aucune place à la l'initiative individuelle

L'idée fondamentale de Marx est que « Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. »

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4.4 - La lutte des classes est le moteur de l'histoire

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Marx n'a pas découvert l'existence des classes sociales ni la lutte des classes. L'usage de cette notion est relativement fréquent, et ce dès le XVIIIe siècle. Néanmoins, Marx sera le premier à montrer le rôle des classe sociales dans l'évolution historique. 

Les relations entre les hommes sont régis par des rapports de force

Karl Marx subordonne l'économie à une vision générale de la société et de l'histoire. Il démontre que les relations entre les hommes sont régis par des rapports de force dans le système productif et la lutte des classes sociales tout au long de l'histoire (maître-esclave dans l'antiquité, seigneur-serf dans l'ancien régime, patron-salarié dans le monde moderne).

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Une vision de la société uniquement basée sur l'exploitation de la classe dominée par la classe dominante.

Dans la vision marxiste, les rapports économiques évoluent selon une dialectique de rapports de force, suivant la lutte perpétuelle des puissants et des faibles, les premiers exploitant les seconds : l'histoire n'est pas menée par le mouvement des idées, mais en premier lieu par les données matérielles et leurs luttes intestines.

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Pour Marx, tout conflit cache en réalité une lutte des classes.

Marx ramène tous type de conflits, politiques, philosophiques, religieux, à une lutte des classes entre dominants et dominés.

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La "conscience de classe"

Marx définit les éléments essentiels qui constituent une classe sociale. La position de l'individu dans les rapports de production (travailleur ou exploiteur) est selon lui le principal élément qui permet la définition de la classe sociale. En même temps, Marx considère que pour qu'il y ait véritablement une classe, il doit y avoir une conscience de classe : la conscience d’avoir en commun une place dans la société. Marx a remarqué qu'il ne suffit pas que de nombreux hommes soient côte à côte sur un même plan économique pour qu’un esprit de classe se forme. Selon Marx, les acteurs centraux de la lutte des classes sont, à l’époque capitaliste, les bourgeois et les prolétaires. Le communisme constitue pour lui l’état de la société débarrassée des divisions en classes sociales, et donc une société sans lutte de classes.

Selon l’analyse marxiste, la classe dominante organise la société en protégeant du mieux possible ses privilèges. Pour cela, elle instaure l'État, l'instrument politique de sa domination : une police et une armée chargées de maintenir la sécurité et l'ordre public, l'ordre « bourgeois ». Marx parle également de « l'idéologie dominante ». Dans toute société, il y a certaines idées, certaines croyances et certaines valeurs qui dominent la vie sociale et culturelle. Ces idées dominantes sont produites pour l'essentiel par la classe dominante. Dès lors, ces idées expriment majoritairement la domination de cette classe, c'est-à-dire la justifient et s'efforcent de la pérenniser. Ces idées dominantes imprègnent les esprits, et ainsi les exploités ont souvent une vision du monde allant contre leurs intérêts réels.

Karl Marx n'a pas "inventé" la lutte des classes. En réalité, la lutte des classes a été théorisée bien avant lui, notamment par les historiens de la restauration (1814-1830) tels que François Guizot ou Augustin Thierry. L'apport fondamental de Marx, par rapport à ces historiens, est d'avoir démontré que la lutte des classes ne s'éteignait pas dans la Révolution française, mais que celle-ci se prolongeait dans l'opposition Bourgeois/Prolétaires à l'époque capitaliste. Ainsi la fin de la lutte des classes serait atteinte une fois les classes sociales éteintes, dans le communisme.

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Selon l'analyse Marxiste, l'émergence de forces de production collectives au XIXeme siècle conduit inéluctablement à la collectivisation de la propriété

À partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, le progrès technique a permis la mise en place de forces de production collectives (les grandes entreprises, les usines géantes) tandis que la propriété des moyens de production est restée privée. Le prochain développement de l'histoire doit donc être dans la théorie marxiste le renversement du rapport de production et de la superstructure capitaliste et son remplacement par des rapports de production collectifs : la preuve de l'inadaptation des rapports de production se trouve dans les crises économiques qui secouent régulièrement le monde capitaliste. Ces dysfonctionnements, qui résultent de la mauvaise répartition des produits, et de la baisse tendancielle du taux de profit auront pour résultat la disparition de la bourgeoisie, par le biais des armes économiques qui lui ont permis naguère de remplacer la noblesse.

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Selon Marx, la révolution prolétarienne ne peut avoir lieu que dans une société capitaliste industrialisée

Dans la logique Marxiste, le développement du capitalisme conduit inéluctablement à des entreprises géantes en situations de monopole et une exploitation toujours plus poussée de la classe ouvrière. Plus ce processus de décomposition économique et sociale avance, plus il devient possible à l'immense masse des prolétaires de collectiviser ces entreprises géantes en situation de monopole. La révolution prolétarienne ne peut donc avoir lieu que dans un pays industriel, c'est à dire en Europe de l'Ouest ou en Amérique du Nord.

Marx considérait que "le despotisme oriental" était un obstacle à l'accès à la modernité occidentale, étape préalable à l'avènement du communisme.

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4.5  La dictature du prolétariat

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Admirateur de la période de la terreur de la Révolution Française, Marx constate que l'échec de Robespierre venait du fait que le régime de la terreur n'avait pas mis fin au débat parlementaire, d'où allait naître une opposition qui allait l'éliminer. Karl Marx en conclut que le pouvoir totalitaire devait être absolut et supprimer toute forme d'opposition dès sa prise du pouvoir. Il fallait donc remplacer les différents partis au Parlement par le seul parti unique.

La classe ouvrière doit prendre le pouvoir par la révolution prolétarienne.

La collectivisation des moyens de production est nécessaire pour faire disparaître l'exploitation de l'homme par l'homme.

Après avoir conquis le pouvoir d'Etat, la classe ouvrière impose la dictature du prolétariat pour retourner les appareils d'Etat contre la bourgeoisie.

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La société communiste sans classes et la disparition de l'Etat.

La collectivisation des moyens de production par la dictature du prolétariat aura pour effet d'abolir les classes sociales (plus de possédants et plus d'exploités). L'histoire de l'humanité va prendre alors un tournant nouveau. La disparition de toutes classes va, selon les mots d'Engels, « libérer en même temps, et pour toujours, la société tout entière de l'exploitation, de l'oppression et des luttes de classes ». À compter de l'établissement de cette société sans classes, va commencer la longue phase « d'édification du socialisme ». Cette phase passée, l'État, anciennement instrument de domination, peut alors du fait de son inutilité croissante lentement se dissoudre, laissant la place à la « phase supérieure » de la société communiste, soit le communisme intégral, au sens premier du terme. Puisque c'est le milieu qui détermine la conscience des individus, une société foncièrement bonne, libérée de toute tentation liée à la propriété, et ayant pour valeurs le travail et l'altruisme, voit l'émergence d'un homme nouveau altruiste et bon. L'État n'a plus aucune tâche à remplir, il est devenu inutile et peut se dissoudre. C'est la phase finale de toute l'entreprise communiste, qui succède aux deux précédentes : la dictature du prolétariat et l'édification du socialisme.

 L'économie atteint l'âge de l'abondance où chacun consommera non plus en fonction de son travail mais de ses besoins.

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V - Limites et obsolescences de la pensée Marxiste

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5.1  L'impensée marxiste : le déni du rôle de l'entrepreneur

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Karl Marx inaugure l'ère des intellectuels "engagés", persuadés qu'ils sont les plus aptes à diriger le monde, d'autant plus qu'ils n'ont jamais été confrontés au monde réel. Cette bourgeoisie intellectuelle considère comme une profonde injustice d'être exclue des classes dirigeantes, ce qui alimente sa haine contre la bourgeoisie de la classe politique et de la bourgeoisie du monde des affaires, jugées immorales et incompétentes.

Totalement ignorant du monde des entreprises, Karl Marx déni à l'entrepreneur toute utilité sociale. Le goût d'entreprendre, l'effort d'épargne préalable, la prise de risque, le sens de la responsabilité, l'esprit d'innovation, le leadership ne sont vues que comme les preuves de la recherche d'un profit maximum. Les Marxistes transposent en fait sur les entrepreneurs leur propre obsession du pouvoir et de l'argent et dénient toutes les valeurs à la base du succès d'une entreprise et de l'économie dans son ensemble.

Cette impensée marxiste conduira à la faillite systématique de toutes les expériences de régimes marxistes au cours du XXe siècle.

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5.2   L'impensée marxiste : le déni du rôle individuel

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Le marxisme dénie tout rôle individuel dans tous les domaines, que ce soit dans l'économie ou l'histoire.

Dans le  Point du 5 Janvier 2017, Michel Onfray démontre que contrairement à ce qu'affirment les idéologues marxistes, l'histoire n'est pas faite par des "ectoplasme".

"Souvent néomarxiste, l'historiographie dominante de la Révolution Française laisse peu de place, voire pas, aux facteurs psychologiques dans la production des évènements, comme si l'histoire n'était pas faite par des hommes, mais par des idées ou par des concepts, comme si les faits étaient produits par des ectoplasmes aux contours livresques ou par de pures mécaniques intellectuelles sans chair et sans passion, sans comptes à régler et sans ambitions, sans esprit de vengeance et sans désir de prendre une place convoitée. Cet effacement de la chair dans l'Histoire relève du reliquat chrétien du corps sans organe.... .  

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5.3   Une vision du monde et de l'histoire biaisée par sa propre histoire personnelle.

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Issu de la bourgeoisie intellectuelle, Karl Marx était incapable de comprendre la bourgeoisie entrepreneuriale.

Karl Marx est issu de la bourgeoisie intellectuelle, son père était avocat et lui même a fait des études universitaires et a obtenu un doctorat en philosophie.

D'une façon générale, cette bourgeoisie intellectuelle des avocats, universitaires, journalistes, celle qui avait fait la Révolution Française, est culturellement et socialement incapable de comprendre la bourgeoisie entrepreneuriale.

C'est pour cette raison que Karl Marx se considérait comme l'héritier de la Révolution Française, plus particulièrement celle de la Terreur de Robespierre, pour en perfectionner le régime de la dictature et le rendre irréversible.

Par contre Karl Marx n'a jamais rien compris de la véritable révolution qui avait lieu en Angleterre, celle des entrepreneurs et des savants qui  allaient donner naissance au monde moderne.

Ne comprenant pas l'effort d'épargne préalable à l'investissement, l'esprit de recherche et d'innovation, la prise de risque, le leadership du manager pour encadrer et stimuler les équipes, Karl Marx réduisit le libéralisme à la seule chose qu'il comprenait et désirait tant : le profit facile réalisé par le capitalisme financier.

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Vivant au dépend des autres et refusant de travailler, Karl Marx était obsédé par l'argent et l'exploitation.

Tout au long de sa vie, Karl Marx a rendu responsable la société de ses propres échecs personnels et a transposé sur les autres ses propres obsessions de l'argent et de l'exploitation.

L'obsession de l'exploitation : toute sa vie Karl Marx à vécu au dépend des autres, sans jamais travailler.

Fasciné par le milieu aristocratique, il épousa une fille de l'aristocratie et eu pour meilleur ami Engels, lui aussi enfant d'aristocrates.

Tout en faisant 7 enfants à sa femme, plus un enfant à la bonne de la famille, Karl Marx refusa tout au long de sa vie de travailler pour faire vivre sa nombreuse famille.

Il vécu de l'assistance de ses parents durant ses études, puis de son ami Engels et enfin de l'héritage de sa mère.

Refusant toute sa vie de travailler et devant vivre au dépend des autres, Karl Marx transposait sur les "capitalistes" son propre mode de vie, les accusant d'exploiter la classe ouvrière.

"La bourgeoisie se souviendra longtemps de mes furoncles" écrit un jour Marx, perclus de douleur par des crises à répétition. L'hygiène précaire de son foyer londonien et les nuits qu'il passe assis à travailler contribuent à son mauvais état de santé. C'est Marx lui même qui de façon inconsciente avoue l'origine de sa haine irrationnelle de la bourgeoisie dont il est issue, qui est aussi une haine de soit, causée par son mal de vivre. 

L'obsession malsaine de Karl Marx pour l'argent

L'immense écart entre ses aspirations d'un mode de vie aristocratique, où il aurait pu écrire sur la Révolution sans avoir à travailler tout en menant grand train de vie, et la réalité de son vécu, fait de privations quotidiennes, créa chez lui une phobie pathologique de l'argent. Comme les chrétiens, il dénonça l'argent comme l'origine de tous les maux de l'humanité, avec d'autant plus de virulence qu'il en était lui même avide et qu'il jugeait indigne de travailler pour en gagner.

Pour Marx, l'entrepreneur produisait une marchandise dans le seul but de gagner de l'argent. Lui même n'ayant jamais travaillé ou innové, il ne pouvait imaginer qu'un ingénieur puisse risquer toute sa fortune dans le seul but de changer le monde par ses inventions, voire de risquer sa vie comme l'on fait les pionniers de l'aviation.

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L'obsession de l'expropriation

Vivant de peu et jaloux du bien des autres, Karl Marx a développé une obsession de l'expropriation.

Il considérait que le "péché originel" des capitalistes était d'avoir exproprié les artisans et les paysans de leurs moyens de production. C'était un "péché mortel" qui justifiait une révolution violente et l'élimination de la classe des capitalistes. Comme le délire antisémite des nazis, le délire anticapitalistes des bolcheviks conduisit lui aussi à une forme de génocide, avec des millions de morts chez les paysans Ukrainiens et l'ensemble de la classe "bourgeoise" de l'ancien Empire Russe. Lénine et Trotski s'amusaient à dire que leur Ministère des affaires sociales était en fait le "Ministère de l'extermination sociale".

Loin de vouloir rétablir l'harmonie entre la propriété et le travail, qu'il idéalisait dans l'ancien monde des paysans et des artisans, Marx préconisait une collectivisation totale des moyens de production en expropriant les capitalistes

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5.4   Une vision du monde biaisée par des a priori idéologiques.

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L'idéologie Marxiste : un retour à la pensée holistique et puritaine du moyen age, contre l'humanisme de la Renaissance et l'esprit scientifique du siècle des lumières.

L'idéologie Marxiste est un retour au moyen-âge dans sa conviction de détenir "la vérité", sa dénonciation puritaine et malsaine de l'argent, ainsi que dans sa volonté de remplacer un Dieu unique par un parti unique. La bourgeoisie intellectuelle marxiste du XIXème siècle n'était que le retour au pouvoir de la cléricature de l'église du moyen-âge.

Alors que depuis le siècle des lumières l'esprit scientifique construisait un nouveau savoir humain à partir de l'observation des faits, la pensée de Karl Marx est un retour en arrière dans la mesure où elle construit son raisonnement non sur l'observation objective des faits mais sur des postulats idéologiques.

"Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c'est inversement leur être social qui détermine leur conscience" soutient Marx dans sa "Contribution à la critique de l'économie politique". Les individus sont effectivement prisonniers de leur classe sociale : Karl Marx issue de la bourgeoisie intellectuelle est resté incapable de comprendre la contribution de la bourgeoisie entrepreneuriale à la croissance économique.

Mais la pensée de Marx est fausse dans la mesure où elle est exclusive, mécanique et prédéterminée. Le plus souvent les humains sont conformistes. Ceux qui rompent avec ce conformisme restent rares, mais leur action peut avoir un impact considérable. Et c'est dans la culture de la bourgeoisie libérale entrepreneuriale que l'esprit anti conformiste est le plus stimulé.

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Une idéologie qui détruit l'esprit scientifique.

"Dans les années 1930 ceux qui, en Union Soviétique, ont osé dire que la matière n'était pas tout et que l'Univers avait une origine - ce qui revenait à penser que la matière n'est pas éternelle - ont été condamné au peleton d'exécution ou au goulag. George Gamow, théoricien majeur du big bang et de la physique des particules, n'a dû sa survie qu'à sa fuite en Amérique. Ses camarade à l'Université de Saint-Pétersbourg, Dmitri Ivanenko, Lev Landau et Matveï Bronstein n'ont pas eu la même chance. Déportation pour Ivanenko, 10 ans de goulag pour Landau, torture et fusillade pour Bronstein. Se heurter aux thuriféraires du stalinisme était un passeport pour la mort, le marxisme enseignant que le "matérialisme dialectique" impliquait l'éternité de la matière, laquelle se renouvelle éternellement, tirant son essence et son principe d'elle même." - Igor Bogdanov Figaro Magazine 16 Octobre 2015

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Une idéologie qui détruit l'esprit d'innovation.

Karl Marx dénonce comme étant un mode de production capitaliste visant à aliéner les travailleurs :

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5.5   Roger Scruton : "L'intellectuel de gauche descend du prêtre".

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Une culture du ressentiment

"Le point de rencontre (des penseurs de gauche) est le négatif. Tous ces intellectuels n'aiment pas la société dans laquelle ils vivent, car ils y voient des injustices, des différences de classes et de propriété. Se sentant supérieurs aux gens ordinaires, ils considèrent comme injuste de devoir gagner leur vie comme les autres, car ils pensent avoir le droit d'être les meneurs des événements. Et ils sont frustrés  de voir que les évènements sont menés par les politiciens et les hommes d'affaires - les bourgeois. Leur premier désir est donc de niveler ou détruire. depuis toujours, c'est le point de départ de la posture de gauche. Dès qu'il prend conscience de lui-même comme extérieur à la normalité bourgeoise, l'intellectuel de gauche conçoit de l'hostilité envers les traditions et les coutumes qui maintiennent la société. Il veut les bouleverser pour prendre le pouvoir."

L'intellectuel de gauche n'aime pas dans la société dans laquelle il vit, tout en étant l'un des privilégiés de cette société.

L'intellectuel de gauche est révolté par les différences de classes, tout en se sentant supérieur aux gens ordinaires, donc destiné à exercer le pouvoir sur les autres.

Le Marxisme est une religion qui prétend imposer une solution totale à l'ensemble de la société.

Le Marxisme est une phénomène religieux

Il se trouve toujours des intellectuels pour croire aux théories marxistes.

La seule explication, selon Roger Scruton, est qu'il s'agit d'un phénomène religieux. La religion promet la vie éternelle, et tout ce qui est promis par la religion est invisible. Ces philosophies promettent toujours quelque chose pour l'avenir, et ce qui se passe effectivement ne peut donc jamais se réfuter, puisque l'avenir n'est pas encore advenu. En ce sens, l'intellectuel de gauche moderne est descendant du prêtre. On trouve cela chez Hobsbawn et tous les historiens de gauche anglais. Ils ne cessent de comparer l'imperfection du présent avec la perfection de l'avenir. Or il est malhonnête de prétendre que tout est imparfait, car on peut toujours améliorer les choses ponctuellement. - c'est cela être conservateur.

Il existe deux grandes conceptions de la politique.

  • Selon celle que défend Roger Scruton, la politique n'est pas l'entièreté de la vie mais une petite partie de celle-ci. Elle est un ensemble de pratiques par lesquelles les hommes se mettent d'accord malgré la divergence de leurs intérêts. C'est un système de compromis.
  • L'autre conception de la politique,  qui est la conception exorbitante héritée de Lénine, qui s'inspirait de Marx mais aussi de la Révolution Française, et celle du nazisme, est que la politique est une vision entière qui organise la vie de tous et à laquelle chacun participe. Cette vision offre une solution absolue et finale aux problèmes de la communauté. Chaque fois, le résultat est le même, le chaos et des millions de morts.

L'Etat providence est une externalisation du devoir de charité, qui génère un individualisme immoral

Les intellectuels de gauche ont une vision très moralisatrice de la politique.

Paradoxalement, elle est également immorale, car elle est indissociable d'un transfert de la moralité de l'individu vers la société.

La vie morale à proprement parler est l'obligation de se montrer responsable envers ceux qui dépendent de nous.

Si je transfère ce devoir à la communauté, cela devient une obligation de l'Etat, et non la mienne. Je peux donc vivre de façon immorale, pour autant que l'Etat agit à ma place, notamment par la redistribution des richesses. Ce n'est rien d'autre que l'externalisation du devoir moral, et donc un moyen d'y échapper. Dans le cas de l'Etat providence, c'est une externalisation du devoir de charité.

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Eric Dupin dans le Figaro Magazine du 17 Février 2017

La France identitaire. Enquête sur la réaction qui vient (La Découverte, 216p., 17 €)

La droite insiste sur le côté charnel de l'identité nationale exaltant un peuple et une terre. La gauche met en avant le côté politique de l'identité : les grands principes, la République, le legs de la Révolution. En réalité, l'identité française est un mélange de tout cela. 

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L'intellectuel marxiste est l'héritier de la cléricature de l'Eglise catholique, dont la haine du monde et de la réalité conduit à une exaltation de l'abstrait et du spirituel et au rejet de tout ce qui est charnel.

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5.6  Faiblesses conceptuelles de la pensée Marxiste.

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Faiblesses théoriques de la pensée Marxiste

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Il n'y a pas de déterminisme historique de la lutte des classes qui mènerait inéluctablement au communisme

A partir de l'observation d'une situation historiquement déterminée (naissance du capitalisme industriel dans l'Europe du XIXe siècle) , Karl Marx tire un vaste ensemble théorique à caractère universaliste où les contradictions liées à la propriété privée des moyens de production génèrent une lutte des classes qui doit aboutir à l'apparition d'une société idéale dans la transparence : le communisme.

L'histoire révélera que cette vision du monde était fausse : en 1914 ce n'est pas la lutte des classes qui mettra fin à l'hégémonie de la bourgeoisie européenne, mais le nationalisme et les rivalités impériales.

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Les révolutions communistes ont eu lieu dans des pays sous développés

Contrairement au déterminisme historique de Karl Marx, selon lequel la révolution communiste ne pouvait avoir lieu que dans un pays capitaliste industriel, celle-ci s'est propagée dans des pays de plus en plus sous-développés : Russie bolchevique, Chine maoïste, Vietnam du Nord, Cambodge des Khmer Rouges .

Ce phénomène historique a invalidé les notions de "despotisme oriental" et de "modernité occidentale" de Karl Marx. A partir de 1917, les militants communistes ont adhéré à une vision tiers-mondiste, où l'Orient rebelle défie le despotisme européen.

Alors que pour Marx l'Occident était la promesse du socialisme à venir, les tiers-mondistes "réduisent leur espérance à la pure exécration de l'Occident. Alors que l'auteur du Capital assumait son parti pris européen, les tiers-mondistes demeurent obsédés par la toute puissance maléfique de l'Europe, même quand les valeurs de ce Vieux Continent déchu, à l'échelle du monde, paraissent de plus en plus vulnérables." (Jean Birnbaum - Le Point 20 Septembre 2018 - page 158)

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Critique de Gramsci : "l'autonomie de superstructures"

Source : Le Point - 16 Août 2018 - page 99 - Jean-François Khan

Ce qu'en fait Marx a considérablement sous-estimé c'est ce que Gramsci appellera "l'autonomie de superstructures", c'est à dire le poids spécifique, hors classes, des passions nationalistes ou régionalistes, ainsi que les identitarismes ethniques ou religieux.

On a constaté aux Etats-Unis, à l'occasion de l'élection de Donald Trump, qu'une manière de lutte de classes fédéra, en effet, les expressions électorales, mais nullement dans le sens qu'eût imaginé Marx puisque l'ouvrier blanc eut tendance à émettre un vote objectivement réactionnaire (pour des raisons de classe) quand même la bourgeoisie noire resta massivement fidèle à la gauche démocrate. Le très fort vote ouvrier, en France, en faveur du Front National est lui aussi, d'une certaine manière, un vote de classe : un vote de classe peut donc se mouler sur des antagonismes qui, eux, ne recoupent en rien des antagonismes de classes.

Ce qui a fait dériver l'approche marxiste vers une conception presque biologiquement déterministe, c'est cette conviction, clairement explicitée dans le "capital", que "le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie sociale, politique et intellectuelle général. Ce n'est pas la conscience des hommes qui déterminent leur être ; c'est, inversement, leur être social qui détermine leur conscience".

Or au contraire, dans bien des cas c'est la conscience, en particulier religieuse ou "nationale", qui détermine l'être social.. Qui le transcende (cf retour des religions et des nationalismes au XXIème siècle).

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Faiblesses économiques du Marxisme

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Pour Marx tout profit est de l'exploitation

Karl Marx considère que tout profit est de l'exploitation, même si ce profit est intégralement réinvestit pour développer l'entreprise et recruter de nouveaux salariés.

Le Marxisme développe une idéologie qui ignore les notions de management, d'expérimentation, d'investissement, d'optimisation de l'allocation des facteurs de production et de prises de risque des investisseurs. Il veut remplacer la classe des entrepreneurs par les fonctionnaires de la planification, qui n'ont aucun contact avec la réalité, rien à gagner  en cas de succès et risquant l'exécution en cas d'échec, ce qui les conduira à fausser toutes les statistiques.

Ceci explique que toutes les sociétés qui appliqueront les méthodes marxistes conduiront à un énorme gaspillage des ressources, désastres écologiques et pénuries des biens de consommation les plus basiques.

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Pour Marx tout travail salarié est de l'exploitation

Dans la logique marxiste, même les salariés les mieux payés qui travaillent en totale autonomie sont "exploités".

Ceci explique l'incapacité des marxistes à concevoir une culture du management, qui permet de rendre plus efficace les personnes dans leur travail, aussi bien au niveau individuel que collectif. Toutes les sociétés de culture marxiste ont été rigidifiée par une hiérarchie de type militaire, sclérosées par l'absence d'initiatives individuelles, la peur de l'innovation et la suspicion générale : à l'époque ou les USA mettaient en place  les premières structures d'internet, l'usage de la simple photocopie était interdite en URSS.

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Pour Karl Popper, Marx innove par son approche économique de l'histoire, mais sa vision totalisante et prophétique est scientifiquement fausse.

Karl Popper critique le matérialisme historique dans Conjectures et Réfutations et dans La Société ouverte et ses ennemis. Popper souligne d'une part l'intérêt de la démarche visant à s'intéresser aux conditions économiques et sociales pour comprendre l'histoire. Il écrit ainsi, parlant du rôle déterminant de l'économie dans le matérialisme marxiste : « On peut dire de l'économisme de Marx qu'il représente une avancée de grande valeur dans la méthode des sciences sociales ». Néanmoins, il critique fortement la partie historiciste du matérialisme historique et sa dimension de « prophétie historique ». L'économisme doit être utilisé avec modération, sans prétendre expliquer tous les événements. Sinon, en croyant pouvoir tout expliquer par les conditions économiques, la méthode ne passe pas le critère de réfutabilité qui est la pierre de touche de la pensée de Popper (Si on part du principe que tous les évènements s'expliquent par l'économie, il n'est plus possible d'avoir un seul cas contraire. Dans une véritable démarche scientifique, il n'y a pas de déterminismes de ce type).

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Pour Ralph Dahrendorf (1929-2009) le pouvoir de décision dans les économies du XXIème siècle l'emporte sur le pouvoir de propriété

Dans les sociétés des pays développés, le pouvoir de décision est exercé par la classe des cadres dirigeants des multinationales et la classe politique, en dehors du pouvoir de propriété.

Ceci est un exemple de l'erreur méthodologique de Karl Marx d'extrapoler à partir de l'observation de la société de son époque (le conflit entre les détenteurs de la propriété du capital et les travailleurs) un ensemble théorique à caractère universaliste (à terme la collectivisation de la propriété est inéluctable), alors que la société du XXIème siècle n'a rien à voir à celle du XIXème (aujourd'hui le pouvoir de décision échappe au pouvoir de propriété).

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Le Marxisme : un capitalisme d'Etat qui amplifie l'aliénation du prolétariat à tous les secteurs d'activité.

Constatant la dégradation de la condition ouvrière, Marx en déduit que c'est la propriété privée qui en est responsable. Il en conclut que seule la collectivisation des moyens de production pourra mettre un terme à l'aliénation des travailleurs.

Même si l'on part du principe que tout salarié est "aliéné", même s'il fait partie des cadres dirigeants très bien rémunérés, sous prétexte que le capitaliste tire profit de son travail, ce n'est pas le cas du travailleur indépendant. Pourtant Marx préconise la collectivisation de tous les moyens de production, y compris la parcelle du petit agriculteur ou l'atelier du petit artisan. 

Au final le Marxisme est un capitalisme d'Etat, où le parti qui impose la dictature s'est emparé du profit des capitalistes et a étendu l'exploitation des travailleurs à tous les secteurs d'activité.

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Incohérence économique entre la dénonciation de la division du travail et la promesse de prospérité de la société communiste.

Karl Marx dénonce la division du travail, le salariat et la recherche du profit comme étant un mode de production spécifique du capitalisme qui a aliéné la classe ouvrière.

Il promet ensuite la prospérité dans la future société communiste, par la propriété commune et le travail coopératif imposé de façon brutale par la dictature du prolétariat. Mais à aucun moment Karl Marx ne donne aucune explication sur l'origine de cette richesse, comme si soudain par miracle le niveau de vie pouvait augmenter sans aucun gains de productivité, le travail pouvait être rémunéré sans salaires et la croissance économique alimentée sans recherche de profits pour financer les investissements.

Dans les faits, la bourgeoisie intellectuelle Marxiste n'a jamais voulu mettre fin à l'aliénation de la classe ouvrière par le mode de production industrielle. Bien au contraire le stakhanovisme a poussé l'exploitation de la force de travail des ouvriers aux extrêmes limites des capacités humaines.

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La formule démontrant la baisse tendancielle du taux de profit est fausse

De façon purement arbitraire, Karl Marx décrète que le capital constant (les machines) est un capital "mort" qui ne génère aucune plus value. Selon lui, seul le capital variable (le travailleur) serait à l'origine de la plus value, confisquée par le capitaliste.

L'accumulation du capital dans l'économie fait qu'il y a de plus en plus de capital constant (qui ne génère aucune plus value) et une pression à la baisse du capital variable (la masse salariale). Comme la pression concurrentielle empêche le capitaliste d'augmenter sa plus value sur le capital variable, Karl Marx décrète comme inéluctable la baisse tendancielle du taux de profit dans une économie capitaliste, selon sa formule Taux de Profit = Plus value) / (Capital constant + Capital variable), avec une hausse du capital constant et dans le meilleur des cas un maintient du capital variable (emplois et salaires identiques) et de la plus value confisquée par les capitalistes.

Dans la réalité la plus value est créée par la combinaison de l'ensemble des facteurs de production, travail, capital financier, capital intellectuel (management), et non par la seule force de travail :

Dans la vision marxiste la production ne peut venir que de choses matérielles, la force de travail des ouvriers et l'équipement en machines. Or dans les économies développées les quantités produites et la qualité des produits dépend du capital intellectuel : qualité du management, organisation du travail, formation des ouvriers. L'Ecole classique considérait que le profit était la rémunération du capital intellectuel de l'entrepreneur, ce qui lui permettait d'investir et de développer son entreprise. Marx, qui ne connaissait rien à la vie réelle des entreprises, rejetait par idéologie la contribution de l'entrepreneur au développement économique. Ce refus de prendre en compte le "capital intellectuel" explique le sous développement économique des pays marxistes, avec une production de produits de mauvaise qualité et un énorme gaspillage des ressources.

Sur un marché arrivé à saturation, la plus value tend à se réduire sous l'effet de la concurrence. Karl Marx en conclut que c'est le taux de profit de l'ensemble du système capitaliste qui est condamné à terme par cette baisse tendancielle du taux de profit.

Le taux de profit d'une économie dépend de son niveau d'innovation

Mais dans la réalité, les entrepreneurs abandonnent un marché arrivé à maturité pour développer un nouveau marché par leurs innovations. Le taux de profit moyen de l'ensemble de l'économie capitaliste est une moyenne de faibles taux de profits dans les marchés saturés et de taux de profits élevés dans les nouveaux marchés. Dans les cycles longs de forte innovation, le taux de profit augmente, dans les cycles long de faible innovation, les taux de profits baissent.

Au XIXe siècle, le chemin de fer et les bateaux à vapeur avaient réduit de façon considérable les coûts de transports, ce qui profitait à tout le monde. Même si tout les travailleurs étaient payés la même chose et même si tous les capitalistes conservaient le même taux de profit, les coûts de transports baissaient du seul fait du progrès technique.

Karl Marx avait parfaitement conscience que par leurs innovations les entrepreneurs révélaient l'erreur de sa loi de la baisse du taux tendancielle des profits. C'est pourquoi il dénonçait ces innovations comme "des besoins artificiels pour rendre dépendant l'individu", tout en affirmant que le prolétaire était maintenu dans la misère en étant rémunéré pour un "salaire de subsistance" qui suffisait à peine à nourrir sa famille.  Encore de nos jours la bourgeoisie intellectuelle Marxiste, qui vit grassement de la dépense publique, dénonce toute à la fois la baisse du pouvoir d'achat et la "société de consommation", considérant que si les ouvriers peuvent acheter les mêmes biens qu'eux c'est qu'ils sont "aliénés" par le système capitaliste (Léo Ferré chantait son mépris de l'ouvrière qui rêvait d'acheter une machine à laver dans les années 60).

Le taux de profit dépend du rapport de force entre capital et travail

Les taux de profits étaient très élevés lors de la mondialisation d'avant 1914. La première guerre mondiale met fin à la mondialisation, puis les économies occidentales deviennent des Etats providence. Le rapport de force change au profit des salariés et les taux de profit baissent. A partir des années 90, la mondialisation et la financiarisation de l'économie mondiale affaiblit les salariés de la classe moyenne en occident et au Japon et les taux de profits retrouvent leur niveau d'avant 1914.

Marx avait raison sur la mondialisation et les rapports de forces sociaux pour déterminer le partage de la valeur ajoutée entre le capital et le travail, mais il avait tord dans sa prédiction de la baisse tendancielle du taux de profit. L'un annule l'autre : il est incohérent de prévoir la réalisation simultanée de ces deux choses contradictoires.

Structurellement, la croissance du marché provoque une baisse mécanique du taux de profit, tout en créant de plus en plus de richesses.

Le premier atelier à tisser avait un taux de profit très élevé, mais la création de richesse d'un seul entrepreneur ne pouvait à elle seule changer le faible niveau de vie de l'ensemble de la société.

Lorsque Deng Xiaoping a libéré l'esprit d'entreprise en Chine en 1979, le taux de profit était inférieur à celui de l'Angleterre du XVIIIè siècle, mais en quelques années les millions de nouveaux entrepreneurs chinois ont créé d'immenses richesses qui ont sortie la Chine de la misère pour en faire en 30 ans la deuxième puissance mondiale. Ce qui importe, ce n'est pas le taux de profit moyen, mais le nombre d'entrepreneurs et la vitesse à laquelle se répand le progrès technique et l'esprit d'entreprise dans la société. 

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Les Marxistes partagent avec les capitalistes de la finance de nombreux points communs.

Dès le lendemain de l'effondrement du régime soviétique en 1989, l'ancienne nomenclatura communiste s'est reconvertie avec une grande facilité dans le monde des "affaires" d'un capitalisme financier ultra libéral, sans aucune régulation de l'Etat. Ceci s'explique par la proximité psychologique des marxistes et des capitalistes financiers :

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5.7   Le véritable objectif de la bourgeoisie intellectuelle Marxiste est la prise du pouvoir politique et non l'amélioration de la condition ouvrière.

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Karl Marx démonte les mécanisme de prise de contrôle du pouvoir, mais ce n'est pas pour instaurer plus de liberté, mais au contraire imposer un pouvoir totalitaire et définitif.  En ce sens, Karl Marx et les intellectuels marxistes sont plus dans la logique du leader d'une secte, qui se sert de sa compréhension psychologique de ses adeptes pour mieux les dominer, que d'un psychiatre qui aide son patient à se libérer de ses souffrances.

Marx à aucun moment n'a développé une réflexion cherchant à améliorer le sort des prolétaires dans les sociétés libérales. Au contraire, toute aggravation de la misère est considérée comme le plus sûr moyen de créer l'effondrement des sociétés libérales. Les sociaux démocrates, qui sont à l'origine d'une réelle amélioration de la condition ouvrière, sont considérés comme des "social-traites" par les Marxistes, qui révèlent ainsi que leur véritable but est politique, pour imposer leur dictature, et non social, pour remédier à la pauvreté.

Marx instrumentalise la misère sociale pour déclencher une révolution, non pour améliorer le sort du prolétariat, mais imposer par la violence la "dictature du prolétariat".  Après sa prise du pouvoir, la nomenklatura du Parti Communiste devient la nouvelle classe dominante. La bourgeoisie intellectuelle marxiste retourne alors les instruments de l'Etat pour éliminer la bourgeoisie entrepreneuriale et financière par un génocide social, tout en généralisant et amplifiant les méthodes aliénantes de la production industrielle sur l'ensemble des travailleurs de tous les secteurs d'activité.

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5.8   Logique totalitaire de l'idéologie Marxiste

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Critique de Jean Jaurès du dogmatisme et de l'antihumanisme des marxistes.

En 1894 et 1895, Jean Jaurès mène avec Paul Lafargue une série de débats, au cours desquels il critique le dogmatisme des marxistes et leur conception matérialiste de l'Histoire. Pour Jaurès, la révolution socialiste ne doit pas découler d'un déterminisme historique, mais de l'action d'homme libres agissant en toute conscience : dans son optique, le socialisme, loin d'être le résultat de mécanismes historiques inconscients, se traduit avant tout par l'accomplissement de l'idée de justice et par une ère « où l'homme, au lieu d'être soumis aux choses, règlera la marche des choses ».

La notice consacrée au matérialisme historique dans le Dictionnaire critique du marxisme souligne le risque d'aboutir à « une conception fataliste de l'histoire qui renvoie aux philosophies qui soumettent le devenir des sociétés à une nécessité externe, abstraite, quasi mystique. Cette idéologie - au sens le plus péjoratif du terme - contribue toujours à faire admettre les lignes politiques les plus erronées ». Les auteurs insistent sur le risque de négliger l'étude concrète de la réalité au profit de « la projection sur le réel d'un schéma général sans efficacité » ; ils soulignent également le fait que la découverte des mécanismes de la nécessité interne et des lois des formations sociales ne doit pas conduire à adopter l'idée de « lois de l'histoire impliquant des modèles universels d'évolution et de transition, donc une théorie abstraite du mouvement historique ».

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Pour André Piettre, le matérialisme historique de Marx est une construction idéologique ayant pour seul but de justifier la dictature du prolétariat.

L'économiste André Piettre (1906-1994) juge que la conception de Marx et Engels simplifie à la fois l'histoire et la notion même de classe : reprenant l'analyse de Raymond Aron, il juge que la « faiblesse de Marx sociologue » cède le pas à la force de « Marx prophète ». L'analyse marxiste apparaît comme une analyse finalisée, qui n'a pour but que de prédire l'avènement d'une société « enfin ré-unie en elle même ».

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Une logique totalitaire : La Révolution pour collectiviser les moyens de production doit être violente et nécessite la Dictature du Prolétariat

"Compte tenu de la résistance opposée par la superstructure capitaliste (l’État), ce renversement doit s'effectuer par une révolution prolétarienne comportant une part de violence. Doit être instaurée une brève dictature du prolétariat, de façon à consolider son pouvoir : cette dictature devra abolir la propriété privée des moyens de production."

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La dictature du prolétariat : idéologie de la revanche sociale qui justifie les crimes de masse.

Source : Le Point - 16 Août 2018 - page 102 - Jean-François Khan

"Dictature du prolétariat", concept choquant, ségrégationiste, pervers, sorte de racisme social impliquant l'exclusion, non seulement d'une forme d'avoir, mais également d'une façon d'être, dont on s'étonne, avec le recul, qu'un nombre aussi considérable de militants généreux n'en aient nullement été choqués.

Comme pour le national-socialisme, le Marxisme puise sont énergie dans le sentiment de revanche et la satisfaction des pulsions violentes : la révolution ne peut être que violente et aboutir à une dictature pour mettre en place un génocide (racial pour Hitler, social pour Lénine).

Le prolétariat s'empare des principaux leviers de commande de l'État  : armée, police, administration, capitaux, banques.

Dès la prise du pouvoir, la nouvelle classe dominante instaure la "dictature du prolétariat". Pour Marx, cette dictature du prolétariat est doublement légitime d'après le marxisme, parce qu'elle est le pouvoir des anciennes masses exploitées, et qu’elle permet de mettre fin à la division de la société en différentes classes sociales, permettant ainsi une véritable égalité.

Dès sa prise du pouvoir en 1917, Lénine instaure la "société sans classe" par un génocide social et s'amusait à appeler le Ministère des affaires sociales le "Ministère de l'extermination sociale".

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L'antihumanisme du structuralisme conduit au totalitarisme

Le structuralisme se focalise uniquement sur les règles qui régissent les sociétés, les cultures et les religions. Considérant que les structures de la société qui organisent les relations entre les individus sont plus importantes que les individus eux-même, le structuralisme déshumanise l'analyse des cultures et des individus en rejetant les choix des individus et leur subjectivité.

Cet antihumanisme conduit à rejeter les valeurs de tolérance et de respect des autres.

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Nietzsche avait prédit "les énormes dépenses de vies humaines" des régimes sociétés marxistes

"En fait, je souhaiterais qu'il fût démontré par quelque grandes expériences que dans une société socialiste la vie se nie elle-même, tranche ses propres racines (...) cette démonstration par l'absurde dût-elle être conquise et payée d'une énorme dépense de vies humaines." 

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Orwell avait prédit la disparition rapide du régime stalinien

Source : Le Point - 16 Août 2018 - page 60 - Thomas Malher

Orwell nous rappelle que les régimes autoritaires sont bien plus faibles que ne le suggère leur propagande. En réprimant les journalistes, en censurant leurs citoyens, en célébrant "un grand leader" souvent médiocre, ils finissent par ne plus avoir conscience des réalités et commettent des erreurs. L'écrivain s'est ainsi fortement opposé à James Burnham, politologue américain qui a influencé le courant néoconservateur. Anticommuniste, ce dernier ne cachait pourtant pas une admiration pour la grandeur, la dureté et l'efficacité du totalitarisme soviétique, déplorant la "décadence" occidentale.

Or, comme la prophétisé Orwell en 1946 alors que le prestige de Staline était à son zénith, "il est trop tôt pour dire de quelle façon le régime russe va s'autodétruire... Mais dans tous les cas, le régime russe va soit se démocratiser, soit périr. Le gigantesque, invincible et éternel empire d'esclaves dont semble rêver Burnham ne s'établira pas, ou alors, s'il s'établit, cela ne durera pas, car l'esclavage n'est pas une base solide pour la société humain".

En 1948, Orwell écrit à son confrère Malcolm Muggeridge "La vraie division n'est pas entre conservateurs et révolutionnaires, mais entre autoritaires et libertaires".

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 5.9   Analyse Marxiste des sociétés Marxistes

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Cette utopie d'un "paradis socialiste" va totalement à l'encontre d'une analyse marxiste d'une société dominée par la dictature du prolétariat, conforme à ce qui s'est produit dans tous les pays ou le parti communiste a pris le pouvoir.

La nomenclatura communiste est la nouvelle classe dominante

La nomenclatura communiste ayant pris le pouvoir constitue la nouvelle classe dominante et met en place la « superstructure juridique et économique » de l'Etat communiste, à laquelle correspondent « des formes de conscience sociale déterminées », c'est à dire l'endoctrinement par l'idéologie communiste.

La propagande de l'idéologie communiste est mise en place par la classe dominante afin de légitimer sa domination sur la classe des travailleurs, à qui ont interdit de se syndiquer. Tandis que les forces productives matérielles évoluent en permanence sous l'effet du progrès technique (compétition avec l'Occident) les rapports de production ainsi que la superstructure (institutions et théories dominantes) fossilisent la société (interdiction d'utiliser une photocopieuse dans les années 70, alors qu'à la même époque les USA mettaient en place les premières infrastructures internet).

Le maintien de ces rapports devient une « entrave » à la marche naturelle de l'histoire. La contradiction entre l'évolution des forces productives et le maintien de rapports de production et d'une superstructure inchangés ne peut se résoudre que par le biais de la lutte des classes et plus précisément l'action consciente de la classe qui devrait bénéficier du nouveau rapport de production : fuite des cerveaux, effondrement de la productivité des travailleurs. La société communiste ne pouvant que produire une société composée d'individus altruistes et bons, le pouvoir communiste nie l'existence de criminels en série et de pédophiles, qui peuvent commettre leurs crimes en toute impunité. Le décalage contradictoire entre le "paradis communiste" promis et une réalité sociale de plus en plus sordide provoque un effondrement des valeurs morales dans toute la société. Au cours des décennies, la société communiste se fossilise et se décompose, pour finir par s'effondrer lorsque l'immense majorité de la population n'a plus aucun intérêt à défendre le régime et se réfugie dans l'improductivité et l'alcoolisme.

La suppression du mode de production communiste permet d'adapter les rapports de production (modes de propriété) et les superstructures de la société à l'état des forces productives matérielles. L'URSS a disparu, laissant place à une Fédération Russe où l'élite de l'ancienne nomenclatura du parti communiste s'est accaparé les ressources du pays en se reconvertissant dans une économie politico-mafieuse. En Chine, le pouvoir communiste a conservé le pouvoir en libérant les forces productives du pays, tout en conservant le monopole du pouvoir politique.

L'idéologie se substitut à la religion comme "opium du peuple"

Marx, qui se disait athée, était en fait prisonnier de sa culture judéo-chrétienne.

Il considère que les religions, comme les idéologies, sont un moyen pour la classe dominante de maintenir l'aliénation des classes dominées. Loin de vouloir libérer les classes dominées, l'idéologie marxiste du parti unique veut se substituer à la religion monothéiste de l'Eglise comme nouvel "opium du peuple".

L'innovation de Marx consiste à parer cette nouvelle idéologie par des prétentions scientifiques, pour la rendre incontestable et cacher derrière cette "vérité scientifique" la prise du pouvoir d'une nouvelle classe dominante.

L'aliénation des masses par la propagande idéologique

Dans toutes les sociétés marxistes, comme dans l'Allemagne nationale-socialiste, la propagande d'Etat pour inculquer les valeurs idéologiques de la classe dominante a pris des proportions sans précédent dans toute l'histoire de l'humanité.

Dès le début de la révolution industrielle, les penseurs libéraux avaient conscience de la dévalorisation sociale des artisans devenus ouvriers. Les sociétés Marxistes n'ont jamais cherché à améliorer les conditions de travail des ouvriers, sous sa forme industrielle aliénante. Au contraire, ces régimes ont poussé à l'extrême les grandes entreprises de l'industrie lourde hyperhiérarchisées et bureaucratisées, sans aucun espace libre pour l'initiative individuelle de base. Le mensonge marxiste consistait à faire croire que, par la propagande idéologique, l'ouvrier donnait du sens à son travail en se dévouant totalement aux objectifs du Parti. Derrière la fiction des Stakhanovistes, la réalité ouvrière était celle de l'aliénation par l'idéologie, la soumission à un Etat bureaucratique policier, l'alcoolisme et l'improductivité. Le "paradis socialiste" se substitut au "paradis céleste".

Dans la farce léniniste de « l'État prolétarien », l'Etat a vocation à organiser sa propre disparition progressive.

Seulement, on rencontre là un problème très difficile : comment gérer la vie sociale sans dominer, comment organiser sans exploiter ? Au fond, comment réaliser une vraie démocratie ?

Pour instaurer une vraie démocratie, sans domination politique et sans exploitation sociale , Lénine disait s'inspirer des mesures prises par la Commune de Paris en 1871  :

Gérer la vie sociale sans dominer : tous les représentants politiques de la collectivité sont élus au suffrage universel direct (moins de représentativité politique), révocables à tout instant (les mandats politiques étant les plus courts possibles) et considérés comme personnellement responsables de leurs actions.
Organiser sans exploiter : Les charges politiques n'apportent aucun avantage particulier : le ministre ayant le même salaire qu'un ouvrier.
Le but est de parvenir à une société libre, égalitaire et fraternelle, débarrassée des rapports de hiérarchie, du travail salarié, des États et des frontières, et de toute forme d’aliénation.

Dans un tel "paradis socialistes", il n'y a aucune raison que les personnes les plus compétentes soient prêtes à prendre tous les risques pour rien. A aucun moment ce comte de fée n'a été un réel projet politique chez aucun marxiste, avant tout motivé par l'avidité du pouvoir.

Dans le régime de Lénine et de ses successeurs, la nomenclatura qui a prit le pouvoir monopolise les postes de pouvoir tout au long de sa vie, n'est jamais responsable de ses actes, s'octroie tous les privilèges. Tous les pays communistes ont été des Etats policiers, inégalitaires, où chacun se méfie de l'autre, fossilisés par une hiérarchie bureaucratique incompétente et corrompue, emprisonnant leur population à l'intérieur de frontières militarisées, poussant à l'extrême l'aliénation par la propagande idéologique et le culte des dirigeants.

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VI - La dénonciation de Marx des dérives du capitalisme reste d'actualité au XXIème siècle.

Comme l'avait prédit Nietzsche, toutes les expériences de sociétés marxistes se sont révélées catastrophiques, il n'en reste pas moins que l'analyse des faiblesses du capitalisme était très pertinente à son époque, et reste en partie actuelle.

Le niveau de profit peut de nouveau être considéré comme de "l'exploitation"

Lorsque les entreprises doivent réduire leurs investissements et leurs masses salariales pour verser toujours plus de dividendes, lorsqu'un dirigeant incompétent reçoit une rémunération supérieure à celle de plusieurs centaines de ses salariés, lorsque les classes moyennes se paupérisent, alors on peut de nouveau parler "d'exploitation" dans le sens où une minorité de privilégiés détruit les bases économiques et sociales d'une société dont ils sont les premiers bénéficiaires.

La collectivisation de la production par les grandes multinationales

Comme l'avait prédit Marx, il y a bien éviction des petites entreprises par les grandes, qui ont atteint une taille mondiale qu'il n'aurait jamais pu imaginer.

Des multinationales plus puissantes que la majorité des Etats

Les grandes multinationales sont plus puissantes que bien des Etats. D'une certaine façon il y a bien effacement des Etats, y compris les plus grands lorsque ceux ci sont soumis au lobbying des multinationales pour réglementer les marchés à leur profit. En Europe, une bureaucratie sous influence des lobbys des multinationales rédige, sans contrôle démocratique, une réglementation européenne qui s'impose au droit voté par les Parlements des Etats nationaux.

La dérive du capitalisme financier

La mondialisation et la financiarisation de l'économie a créé un nouveau rapport de force en faveur du capitalisme financier, ce qui a fait baisser la part des salaires dans la valeur ajoutée. Avec la baisse du pouvoir d'achat de la classe moyenne dans les pays occidentaux et au Japon, il y a eu un déficit de consommation. L'excédent d'épargne a été investit dans des instruments financiers qui sont devenus hors de contrôle, déclenchant la crise financière de 2008.

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VII - Bilan de Karl Marx : émergence des Etats providence en Occident et ruine des pays communistes

Karl Marx fut le premier a démontrer l'importance des mécanisme économiques dans les organisations sociale et politiques tout au long de l'histoire humaine. Il analyse les mécanismes économiques et culturels qui permettent à une classe sociale de détenir le pouvoir sur les autres classes sociales.

7.1   Contribution de Karl Marx à la pensée économique

7.2    Karl Marx est le père indirect des sociales démocratie

Les socialistes utopiques ont été incapables de trouver dans le libéralisme politique les moyens de remédier à la misère ouvrière créée par l'indifférence du libéralisme économique. 

Pour Karl Marx, tout au long de l'histoire humaine, ce ne sont pas les bon sentiments ou la lucidité qui sont à l'origine des changements dans la société, mais les rapports de force politiques. Poussant cette logique à l'extrême il préconise la révolution prolétarienne pour imposer la dictature du prolétariat.

La contribution principale du Marxisme a été de provoquer une amélioration de la condition ouvrière dans les démocraties libérales, qui par crainte du totalitarisme se sont converties à la sociale-démocratie.

Napoléon III, socialement en avance sur une bourgeoisie française très anti-sociale depuis la révolution, autorise le droit de grève en 1864, sous condition qu'elle se fasse sans violences et n'entrave pas la liberté de travailler. Il autorise les syndicats en 1868, quelques mois après la sortie du Tome I du Capital.

Le Royaume-Uni autorise à son tour l'autorisation des syndicats en 1871. Mais dans les faits, le Royaume-Uni était socialement en avance, puis que les syndicats étaient autorisés de façon non officielle depuis 1859 et le droit de grève et d'association avait été reconnu dès 1824, soit 40 ans avant la France.

Alors que la condition ouvrière n'avait fait que se dégrader de 1770 à 1870, ce n'est qu'au lendemain de la publication du Capital (1867) que les ouvriers ont pu bénéficier d'un début d'amélioration.

Le salaire réel moyen s'est accru de plus de 60 % en France entre 1870 et 1900 (Marc Montoussé et Dominique Chamblay - 100 fiches pour comprendre l'économie - page 17 - 1997)

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7.3    Désastres économiques et humanitaires des expériences d'économies communistes

Toutes les expériences communistes ont provoqué des désastres économiques et humanitaires, avec des génocides en URSS, Chine, Cambodge, une guerre de 30 ans au Vietnam, des catastrophes alimentaires en Corée du Nord, l'éclatement et la guerre civile dans l'ex Yougoslavie.

Plus récemment, le Venezuela de Chavez qui se voulait une version moderne d'un collectivisme en lutte contre l'Occident, a sombré dans la faillite économique et la criminalité la plus élevée au monde.

Si les pays d'Europe de l'Est ont eux aussi connu le désastre économique, ils ont échappé au désastre humanitaire du fait de leur occupation par l'URSS, qui avait besoin d'une totale stabilité dans ses Etats satellites. Il en fut de même du Laos sous contrôle Vietnamien.

Le Vénézuela : la faillite du socialisme radical du XXIe sècle

Nicolas Baverez - Le Point

"Le régime populiste de Chavez a ruiné un pays  à la tête des premières réserves de pétrole mondiales

Les exploitations agricoles et les entreprises ont été nationalisées et placée entre les mains de militants. La compagnie nationale pétrolière, PD VSA, a été confisquée, puis utilisée comme une annexe au budget de l'Etat pour financer les missions sociales bolivariennes et le soutien aux pays hostiles aux Etats-Ubis, dilapidant plus de 150 MD € en 10 ans, tandis que les investissements étaient stoppés. Un contrôle drastique des importations et des changes a été mis en place, qui a institutionnalisé la corruption et les pénuries....

...La production de pétrole, 96 % des recettes d'exportation, s'est effondré, perdant 1 million de barils par jour par rapport à 1998 (arrivée au pouvoir d'Hugo Chavez). L'inflation culmine à 475 % et le bolivar a perdu toute valeur ...

... Sur le plan social, les 30 millions de Vénézuéliens manquent de tout et les émeutes de la faim se multiplient. La violence extrême gangrène la société, marquée par quelque 6.000 homicides par an à Caracas ...

...Sur le plan diplomatique, l'Amérique latine a rompu avec une longue indulgence et le Mercusor, qui regroupe le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay, a suspendu le Venezuela en Décembre 2016 pour manquement caractérisé aux principes démocratiques.  ...

...Le socialisme du XXIe siècle n'a donc produit que misère, corruption et oppression. La crise économique a déstructuré la société avant de provoquer la transformation du régime en dictature militaire. Et la tyrannie s'affirme comme le stade ultime de la révolution bolivarienne."     


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