Les Mercantilistes

"Protéger pour développer"

 

 

http://www.economie.gouv.fr/sites/all/themes/bercy/img/ministere-economie.png Le monde politique

 

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Au XVIe siècle, le contexte historique donne naissance aux Mercantiistes, qui sont les premiers dans l'histoire à développer une pensée économique permettant d’expliquer la richesse des nations et à recommander des mesures pour favoriser leur dynamisme économique :

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I - Pensée économique des Mercantilistes

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Les fondateurs du Mercantilisme

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L'économie s'émancipe de l'église et des structures féodales.

Dans le cadre de la Renaissance, la pensée économique des Mercantilistes se libère de l'emprise de l'Eglise et l'activité économique échappe aux structures féodales.

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Les Mercantilistes alliés du pouvoir émergeant des Etats Nations.

L'émergence d'idées mercantilistes coïncide avec la montée en puissance d'États nations face à, d'un côté l'universalisme du pouvoir de l'Église, et, de l'autre, le localisme des structures du pouvoir féodal. La période voit la naissance d'un « art du politique », orienté vers l'efficacité pratique, (cf.Nicolas Machiavel 1513 -1520) puis l'apparition de la primauté de la «raison d'État» dont Giovanni Botero (1589) est le premier théoricien - dans les relations internationales. Mais c'est surtout Jean Bodin, qui, dans Les Six Livres de la République (1576) associe théorie de la souveraineté de l'État aux idées mercantilistes.

Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), Contrôleur général des finances pendant dix-huit ans (1665-1683), est le principal instigateur des idées mercantilistes en France, ce qui conduit certains à parler de colbertisme pour désigner le mercantilisme français.
Sous Colbert, le gouvernement français s'implique de façon importante dans l'économie afin d'accroître les exportations en créant des Manufactures, voire des « villages-usines ». Ainsi par exemple, la « ville nouvelle » de Villeneuvette dans l'Hérault est construite pour fabriquer des draps adaptés aux débouchés orientaux de la méditerranée : « Nous avons approuvé l'établissement qui a été fait sous notre bon plaisir d'une Manufacture de draps à Villeneuve-lez-Clermont, diocèse de Lodève en notre province de Languedoc. »

Colbert intervient également pour abaisser les obstacles au commerce en réduisant les droits de douane intérieurs et en construisant un important réseau de routes et canaux. Les politiques menées par Colbert sont dans l'ensemble efficaces, et permettent à l'industrie et à l'économie françaises de croître considérablement durant cette période, faisant de la France une des plus grandes puissances européennes. Malgré ces politiques efficaces, l'Angleterre et la Hollande devancent toujours la France.

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Les Mercantilistes inventent la notion de valeur ajoutée

Les Mercantilistes ont pour objectif la création de richesses en donnant la priorité à des activités ayant un rendement croissant (fabriquer et vendre des produits manufacturés plutôt que de vendre des produits bruts).

 Dès 1485, la formule d'Henry VII « exporter des biens manufacturés et importer des produits bruts » résume l'essentiel de ce que sera la politique industrielle anglaise et sa future prospérité.

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Une politique de puissance économique protectionniste et impérialiste

Les Mercantilistes se donnent pour objectif la richesse et  la puissance de la Nation, qui repose sur trois facteurs de croissance : abondance en hommes, abondance en argent et intervention étatique.

Pour atteindre cet objectif, ils préconisent :

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Les mercantilistes préconisent un Etat interventioniste

L’Etat joue  un rôle majeur dans la course à la richesse : c’est à lui que revient le devoir de stimuler l’activité économique et l’emploi. Il doit aider et protéger les entreprises et être centralisé pour pouvoir imposer sa politique et contrôler les échanges commerciaux. La politique mise en place au XVIIe siècle par Colbert l’illustre parfaitement : il a cherché à doter l’Etat français d’une balance commerciale excédentaire en encourageant le commerce.

Les premiers mercantilistes ont vécu à une époque où les pays européens étaient divisés en fiefs seigneuriaux nécessitant de s’acquitter de multiples taxes et droits de passage, ce qui étouffait le commerce et le développement économique. Les Mercantilistes considéraient qu'il fallait un Etat fort se substituant aux pouvoirs locaux de la féodalité et un Etat interventionniste pour supprimer la multitude des « douanes internes » et unifier le marché national.

Pour qu’un Etat soit puissant, il faut que ses caisses soient pleines de métaux précieux. Pour les Mercantilistes il est alors impératif d'avoir une balance commerciale excédentaire, en exportant des produits manufacturés contre des métaux précieux et en limitant les importations au moyen de fortes taxes.

Parallèlement, les mercantilistes préconisent des taux d’intérêt bas pour favoriser la consommation et l’activité économique intérieure. Ce type de politique est donc à double tranchant, car elle peut aussi contribuer à accentuer le déficit commercial en stimulant la demande des produits importés. Il faut donc une politique protectionniste pour bloquer les importations.

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II - Naissance d'un esprit individualiste, puritain et agressif

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Le Mercantilisme donne naissance à de nouvelles classes sociales et des nouveaux métiers, marchands, artisans, navigateurs, qui considèrent que leur réussite se révèle être une affaire d'action, d'initiative et de volonté largement personnelle. Le « salut individuel » apparait de plus en plus conditionné par les œuvres, et moins par le statut ou le discours.

Le Mercantilisme libère l'individu du carcan de la féodalité et de l'Eglise catholique. Mais il livre à eux-même des individus âpres aux gains et dénués de toute éthique personnelle, qui considèrent que leur réussite individuelle est une bénédiction divine.  Cette bonne conscience crée des individus puritains, toujours à la recherche de leur avantage personnel, fut-ce au détriment des autres.

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III - Les Etats Mercantilistes

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Le Mercantilisme libère les énergies de cette nouvelle classe bourgeoise, plus particulièrement en Angleterre et aux Pays-Bas, qui ont rompu avec l'Eglise catholique et où la religion est une affaire personnelle.

En Espagne et au Portugal, l'église catholique étouffe les idées Mercantilistes, ce qui provoque un rapide déclin de ces Empires.

En France, l'édit de Nantes favorise le développement des idées Mercantilistes et la montée du pouvoir de l'Etat Monarchique. Paradoxalement, Louis XIV supprime l'édit de Nantes, alors que son règne est le symbole de la puissance monarchique et du Colbertisme, version française la plus aboutie du mercantilisme. En France, la Monarchie devenue absolue et le retour du monopole religieux au profit de l'Eglise catholique opposée au progrès empêchent une évolution de la monarchie vers une Monarchie parlementaire et freinent le développement économique.  

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L'épuisement économique des Empires Espagnols et Portugais

Au Portugal et en Espagne, la pensée Mercantiliste s'exprima sous sa forme la plus primitive, celle du bullionisme, qui se focalise sur la possession des métaux précieux pour assurer la puissance du roi. Il n'y avait aucune réflexion économique pour renforcer l'appareil productif national. Ces empires portugais et espagnols s'épuisèrent à défendre leurs possessions d'Outre-Mer et les convois de galions chargés d'or contre les attaques des Hollandais, des Français et des Anglais.

Dès 1580, le Portugal passe sous l'autorité de la Couronne d'Espagne. Il garde une certaine autonomie, mais perd des positions coloniales au profit de la Hollande et de la France.

En 1588, ce qui restait de la flotte portugaise disparait avec la flotte espagnole, lorsque la marine britannique détruit l'invincible armada. C'est la fin de l'Espagne en tant que grande puissance maritime et le début du déclin de son empire colonial.

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Les négociants hollandais éliminés par les anglais

1584-1672 : l'hégémonie hollandaise

Entre 1584 et 1702, les Hollandais connaissent un siècle d'or. Presque sans Etat, les Pays-Bas conquièrent le monde par le négoce. Leur bourgeoisie prospère, leur marine marchande se développe.

Une bonne partie de l'empire portugais tombe entre leurs mains. Ils fondent les premières compagnies maritimes et augmentent la charge utile des navires : vers 1650, on estime qu'ils disposent de 16 000 bâtiments (contre 4 000 anglais et 500 français) qu'ils rentabilisent tant à l'exportation qu'à l'importation.

L'activité commerciale est accompagnée par une activité industrielle orientée vers l'exportation. Simultanément, les premières sociétés par actions permanentes et à responsabilité limitée sont créées. La place d'Amsterdam remplace celle d'Anvers, et la Banque d'Amsterdam est créée en 1609. En 1611, est créée la première Bourse réunissant les négociants en un lieu déterminé et à heures fixes. Sur le plan du Droit, leur juriste Grotius (1609) formule le principe de la « liberté des mers » et conteste toute idée de « partage du monde ».

« L'opulence parfois un peu vaniteuse des riches bourgeois hollandais frappe les contemporains. Huet, évêque d'Avranches, admire qu'une poignée de marchands réfugiés dans ce petit pays, qui ne produit pas à beaucoup près de quoi nourrir ses habitants, aient abattu la puissance énorme de la monarchie d'Espagne et aient fondé un État puissant qui fait équilibre entre toutes les autres puissances''. »

En 1652, l'Angleterre déclenche la première guerre anglo-hollandaise, pour ravir aux Pays-Bas leur suprématie maritime et freiner leur expansion coloniale, particulièrement dans l'Atlantique.

1672-1702 : Le déclin de la puissance hollandaise

En 1672 éclate la Troisième Guerre anglo-néerlandaise, Louis XIV se ligua à son tour avec la principauté de Cologne et la principauté épiscopale de Münster pour déclarer la guerre aux Provinces-Unies, déclenchant la Guerre de Hollande

Les affaires de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales se dégradèrent pour la première fois au début des années 1680. Le prix du poivre s’effondra sur les marchés européens, et simultanément la demande de toile indienne, de café de moka et de thé de Chine explosa. Or la Compagnie ne disposait à ce moment que de réserves de métaux précieux très insuffisantes pour acheter les produits asiatiques, ce qui se traduisit par un important endettement ; de surcroît, elle devait affronter la concurrence anglaise sur des produits dont elle n’avait pas le monopole. Le coût croissant du commerce outre-mer se traduisit pour la compagnie, et par extension pour toutes les provinces, par une charge croissante.

L'année 1702 marque la fin de la puissance des Pays-Bas, avec le déclenchement de la guerre de Succession d'Espagne et la chute de cheval mortelle du stathouder Guillaume III âgé de seulement 52 ans. Comme il ne laissait aucun hériter mâle et qu'on ne lui trouvait aucun successeur crédible, la charge de stathouder fut reléguée au second plan, ce qui se traduisit par un retour au gouvernement oligarchique et décentralisé des pensionnaires et des régents.

Après la paix d'Utrecht, qui met fin en 1713 à la guerre de Succession d'Espagne, les régents firent adopter le principe selon lequel la république devrait désormais s'abstenir d'interférer dans les affaires internationales. Cette orientation politique extérieure n'était du reste que la sanction d'un état de fait : après les guerres passées, la dette nationale et le déclin de la flotte hollandaise face à la montée en puissance de la flotte anglaise, ne permettaient plus de politique sur un pied d'égalité avec les puissances du premier rang.

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En France, Colbert (1619-1683) met l'appropriation publique des moyens de production au service de la politique de puissance du souverain.

Le Colbertisme est un Mercantilisme qui a pour but de construire un appareil productif performant, mais contrôlé par l'Etat et au service de la politique de puissance de Louis XIV et de ses conquêtes militaires.

Cette économie génère une nouvelle bourgeoisie de hauts fonctionnaires et notables, qui comme la noblesse et le clergé sont profondément hostiles à la bourgeoisie des négociants et des entrepreneurs agissant en dehors de la sphère publique.

Colbert fonde l'Etat moderne, développant une politique industrielle avec les manufactures royales, dotant le pays d'importantes infrastructures telle que le canal du Midi.

Mais Colbert met en place un dirigisme et un interventionnisme étatique qui depuis cette époque handicapent l'économie française : trop de réglementation, trop d'impôts, protectionnisme et mépris de l'entreprise privée. La collectivisation de l'économie favorisa le népotisme et la corruption, Colbert lui même ne résistant pas à la facilité de placer ses proches à des postes clés dans l'appareil d'Etat et privilégier ses amis financiers pour en retirer un enrichissement personnel.

Les compagnies maritimes que Colbert créa pour s'attaquer à la domination commerciale des compagnies hollandais et anglaises furent toutes des échecs, les grands négociants privés refusant d'investir dans des entreprises parapubliques dirigées par des fonctionnaires incompétents et corrompus.

De culture latine, la France reste profondément hostile aux marchands et au marché libre

Les Grecs valorisaient le philosophe, le sénateur, le militaire, l'artiste, le sportif et méprisaient le paysan, l'artisan et le commerçant.

Les Romains ont repris le fond culturel Grec, tout en construisant un ordre impérial reposant sur la puissance de l'Etat, de son administration et de son armée.

L'idéal de la France de la Renaissance était de renouer avec la grandeur de la puissance de l'Etat et les valeurs de la société greco-romaine. C'est une culture profondément hostile au marché libre et aux marchands, qui considère que la modernisation du pays doit être conduite par un Etat fort.

Source : Le Point - 9 Août 2018 - page 9 - Pierre-Antoine Delhommais

Dans le chapitre XXI du "Livre premier" des "Essais", intitulé "Le profit de l'un est dommage de l'autre", Montaigne (1533-1592) écrit : "Le marchand ne fait bien ses affaires qu'à la débauche de la jeunesse ; le laboureur, à la cherté des bleds ; l'architecte, à la ruine des maisons ; les officiers de justice, aux procez et querelles des hommes ; l'honneur mesme et pratique des ministres de la religion se tire de nostre mort et de nos vices. Nul médecin ne prend plaisir à la santé de ses amis mesmes, dit l'ancien Comique Grec, ny soldat à la paix de sa ville : ainsi du reste." Ludwig von Mises, l'un des grands maîtres à penser du libéralisme, en voulait beaucoup à Montaigne, qu'il admirait par ailleurs, d'avoir formulé de tels propos. D'avoir ainsi, en raison du rayonnement universel de son oeuvre et de sa pensée, contribué pour longtemps à jeter l'opprobre sur le profit, par nature immoral puisque fondé sur le mal, la douleur, la peine et le vice. D'avoir aussi indirectement, en expliquant que tout profit réalisé par un individu naît des dommages causés à d'autres individus, ouvert la voie à la lutte des classes.

Appliqué au commerce extérieur, le principe du "profit / dommage" avancé par Montaigne a connu un immense succès en donnant naissance aux théories mercantilistes selon lesquelles, dans les échanges internationaux de marchandises, ce que gagne un pays, l'autre le perd.

Voltaire avait, dans son Dictionnaire philosophique, au mot "Patrie", établi le parallèle entre la guerre et le commerce, les deux poursuivant la même finalité de puissance et de domination : "Etre bon patriote, c'est souhaiter que sa ville s'enrichisse par le commerce et soit puissante par les armes. Il est clair qu'un pays ne peut gagner san qu'un autre perde, et qu'il ne peut vaincre  sans faire des malheureux. Telle est donc la condition humaine, que souhaiter la grandeur de son pays, c'est souhaiter le mal à ses voisins."

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L'Angleterre élimine ses rivaux, mais perd ses colonies américaines.

Les monopoles contrôlés par l'État ne sont pas rares, notamment avant la Première Révolution anglaise. Mas le contrôle du Roi sur l'économie domestique est moins important que dans le reste du continent, en raison de la tradition de la Common law,

Le mercantilisme anglais s'intéresse surtout au contrôle du commerce international pour assurer un excédent de la balance commerciale :

Dans la seconde partie du XVIIIe siècle, lorsque l'Angleterre étend ses colonies et les fait passer sous son contrôle, des règles y sont édictées les autorisant à produire seulement des matières premières et à faire du commerce uniquement avec l'Angleterre. Cela conduit à des tensions croissantes avec les habitants de ces colonies. Difficultés qui seront une des causes majeures de la guerre d'indépendance des États-Unis, ainsi l'épisode fameux de la Boston Tea Party.

Au XVIIIe siècle, ces politiques contribuent à faire de l'Angleterre le principal commerçant du monde, et une puissance économique internationale. Elle s'appuie sur sa flotte de guerre, la Royal Navy, constituée progressivement grâce à la puissance fiscale de l'État, comme le montre Patrick O'Brien, lors de la Révolution financière britannique. Sur le plan intérieur, la conversion des terres non cultivées en terres agricoles provoque un effet bénéfique durable. Pour maximiser le pouvoir d'une nation, les mercantilistes sont d'avis que toutes les terres et les ressources doivent être utilisées au maximum, ce qui conduit à lancer des projets de grands travaux majeurs comme le drainage de la région des Fens.

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Hollandais et Anglais inventent la modernité des Etats Nations Parlementaires du XVIIème siècle

Au delà de l'aspect purement religieux, le protestantisme est en fait la remise en cause de l'ancien ordre féodal, reposant sur une alliance entre l'aristocratie et l'Eglise Catholique, par la classe émergente de la bourgeoisie marchande.

Ce sont les Hollandais et les Anglais qui ont été culturellement le plus en accord avec le passage de l'ordre féodal du moyen âge à la modernité libérale. D'un point de vue religieux, ils se sont libérés de l'emprise de l'Eglise Catholique, pour pratiquer une religion plus personnelle, tout en conservant les valeurs chrétiennes, retenant avant tout ses aspects les plus puritains pour maintenir l'ordre social, l'exaltation de l'intérêt individuel étant lui en contradiction avec les sermons de Jésus Christ. D'un point de vue Etatique, l'Angleterre s'est dotée d'une Monarchie Parlementaire et les Pays-Bas d'une République marchande, deux systèmes politiques créant un Etat Nation reposant sur une alliance entre un Etat fort et la classe émergente de la bourgeoisie marchande.

Les Empires Portugais et Espagnols, restés prisonniers de l'ordre de l'Ancien Régime, ne sont jamais entrés dans la modernité. Etouffés par le pouvoir monarchique et l'emprise culturelle d'une Eglise Catholique obscurantiste, ils sont rapidement entrés en décadence.

La France également est restée fidèle à l'Ordre de l'Ancien Régime. Mais le royaume le plus peuplé d'Europe a su rester la première puissance sur le continent. L'obscurantisme de l'Eglise Catholique a été remis en cause par les philosophes des Lumières. La qualité de ses administrateurs (Colbert) a permit de doter le royaume d'infrastructures modernes. Le long règne de Louis XIV a apporté une stabilité politique, au cours de laquelle les ressources économiques du royaume ont été mobilisées au service des ambitions du Roi Soleil. Mais en révoquant l'Edit de Nantes, Louis XIV tourne le dos à la modernité de son époque et la France perdra son premier empire colonial.

L'Allemagne du Nord culturellement est entrée dans la modernité des religions réformées, qui se sont émancipées du pouvoir de l'Eglise Catholique. Mais d'un point de vue étatique, l'Allemagne du XVIIème siècle est restée éclatée en petites monarchies. A la frontière des pays catholiques et protestants, l'Allemagne a été durant la guerre de 30 ans le champ de batailles des puissances voisines. Les Habsbourg catholiques en voulant unifier le pays déclenchent les interventions du Danemark et des Suédois. La France Catholique entre dans l'alliance des Suédois et du Danemark contre l'empire catholique des Habsbourg d'Espagne. La logique de puissance des Etats Nations reléguant au second plan les appartenances religieuses.

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III - Limites et obsolescence du Mercantilisme

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David Hume (1711-1776) est le premier économiste, dans son Essai sur la balance (1752), à décrire le mécanisme d'ajustement des stocks d'or en situation d'étalon-or. Les sorties d'or engendrées par le déficit commercial contractent la masse monétaire, ce qui fait baisser la demande et les prix, réduisant les importations et rendant les exportations plus compétitives. Inversement, un excédent commercial augmente la masse monétaire, ce qui relance les importations (demande intérieure en hausse) et rend les exportations moins compétitives (hausse des prix sur le marché intérieur).

En démontrant que la crainte d'une fuite de l'or de l'Etat généré par les importations est infondée dans un système d'étalon-or, David Hume invalide toute la théorie économique des Mercantilistes :

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Source : Le Point - 9 Août 2018 - page 9 - Pierre-Antoine Delhommais

En réponse à la "fable désastreuse" de Montaigne, selon laquelle "le profit de l'un est dommage de l'autre", Ludwig von Mises répond "il n'y a point, en économie de marché, de conflits d'intérêts entre les vendeurs et les acheteurs. Lorsque le boulanger fournit au dentiste son pain et que le dentiste guérit le mal de dents du boulanger, ni le boulanger ni le dentiste ne subit de dommage."


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